Abstrakt: | "Dans Minuit, un livre poétique, situé entre le monde réel et le rêve noyés
dans le clair-obscur, Julien Green écrit :
L’ombre épaississait autour d’elles, et lorsque Rose fit entrer sa nièce dans une
autre pièce, Elisabeth n’y voyait presque rien [...J Si brave qu’elle fût en présence
des humains, toute sa vaillance la quittait dès que mourait la lampe1.
Sur un fond sombre, fantastique, mais dépeint toujours avec la précision,
Julien Green présente le sort douloureux et dramatique de ses personnages. Dans
le roman, aussi bien l’espace familier des maisons que celui, insolite, de la
grande demeure de Fontfroide, sont hostiles à tout intrus qui voudrait y pénétrer.
L’escalier habité d’ombres, la pénombre des chambres, une lumière incertaine
des bougies ou quelques reflets glauques de la lune n’apparaissent que
pour porter d’inquiétants messages. Pourtant le clair-obscur ne teint pas seulement
l’espace. Cette couleur domine également dans la peinture des habitants
du château insolite. A la lumière tamisée, à minuit, leur comportement et leurs
actes acquièrent un caractère ambigu." (fragm.) |