Abstrakt: | Michel Tremblay ne peint pas le monde en rose, ne crée jamais l’univers
artificiel du bonheur. Son cycle romanesque des Chroniques du Plateau Mont
Royal, c’est-à-dire six romans qui présentent la vie d ’une grande famille
ouvrière de Montréal au cours d’une vingtaine d ’années, nous propose un large
éventail des descriptions de la haine, aussi bien sous des manifestations
ouvertes et «traditionnelles» comme les larmes, les cris et les coups, que sous
forme de colères blanches, étouffées pendant des années, qui tuent lentement
ou finalement éclatent en pleine lumière et mènent à une tragédie. Dans le
monde tremblayen, qui constitue un univers souvent sombre et amer, la haine
devient un des moteurs principaux de l’action des héros. Elle est la seule
réponse qu’ils peuvent donner, la réaction unique envers l’injustice, la misère
et les malheurs qu’ils ne comprennent pas, pauvres, fatigués, désarmés...
Tremblay peint une force destructrice qui ravage intérieurement ses héros et
qui romp les relations entre eux, une puissance aveugle dévorant tout. |