Abstract: | «L ’être est médiatisé par les mots». Cette courte
constatation de Georges Bataille nous situe au coeur de la métaphysique pour
laquelle Bataille, se voulant le compagnon de Nietzsche, n ’a que du mépris. En
effet, l’existence de l’homme est éminemment liée au langage et, par conséquent,
aux principes du logos. Se référant aux choses, les mots constituent
notre savoir qui ne peut se manifester que dans le discours propre au monde du
travail. Sous l’angle économique, le langage est soumis aux mêmes règles que
la société capitaliste: l’usage du minimum de ressources nécessaires à la
conservation et à la continuation de l’activité productive. Il en résulte que le
«quelque chose à dire» et le «quelque chose à servir» sont, en fait, corollaires. Si la vie de la société se place sous l’égide de l’utile
qui est la fin de nos actes, il en est de même de notre activité langagière. Certes
nous ne pouvons pas dire impunément n’importe quoi et n ’importe comment.
Dans le monde du travail, le langage est réduit à l’expressivité et, à l’aide des
mots, représente notre savoir sur le monde en satisfaisant aux (pré)supposés
logiques du discours métaphysique. |